Entre Édimbourg et Glasgow, sur les rives de la rivière Forth, se trouve l’une des plus grandes villes d’Écosse ayant gardé bien des particularités liées à son imposante histoire : STIRLING. Une ville convoitée par les Écossais et les Anglais qui surprend par la magnificence de ses monuments comme son château, ses demeures aux allures médiévales, ses églises, son pont aux illustres batailles et ses statues dont celle du célèbre William Wallace.
Un détour dans le cimetière réserve bien des surprises : Pyramide et obélisques s’imposent par leur architecture solennelle. On s’attend même à voir flotter en leur sommet les étendards de chefs de clan portant le kilt, sonnant la pìob-mhòr, cornemuse écossaise, attirant en ce lieu sacré l’indomptable licorne symbole de la royauté.
La pyramide étoilée a été construite par William Barclay en 1863. Cette commande de l’arpenteur-géomètre et pépiniériste, William Drummond, est dédiée à tous ceux qui ont subi le martyre pour la cause de la liberté civile et religieuse en Écosse. Issu d’une riche famille de Stirling connue par des activités internationales en Afrique, la Drummond Tract Entreprise. Au XIXe siècle, William, fils ainé de la famille, était connu pour son obsession envers la religion au point d’être devenu le principal éditeur de pamphlets religieux. Son autre passion fut la réorganisation végétale et l’embellissement du cimetière de la vallée.
Ce lieu ancien était connu pour les tournois de joutes et les marchés laissant dans la mémoire des hommes des histoires de rassemblements populaires, de distractions, mais aussi d’affrontements. Un lieu témoignant de la politique, de la religion, de la richesse ou de la pauvreté. Un lieu où, comme l’agora romaine, l’on fit le monde de demain tout en respectant ce qui unit les hommes : l’art. Et à ce titre de droit universel, on aurait envie d’entendre le célèbre poète William Drummond, un homonyme écossais, mort en 1649, affirmer que : « l’art a pour fonction d’élever l’esprit des hommes jusqu’à la contemplation de l’univers. Ce qui signifie que la poésie peut se nourrir de cosmologie ou, si l’on veut, de savoir, puisqu’une cosmologie cautionnée par la tradition, susceptible d’être expliquée, glosée, enseignée, transmise, constitue, à un moment donné de l’histoire, un savoir privilégié, non réductible à une interprétation des phénomènes naturels, mais capable de servir de base conceptuelle à une métaphysique, à une théologie, et à une morale érigée en système… ».(ref)
De là avoir envie de dire que les William Drummond écossais ont cherché à s’élever vers les étoiles en pensée et par construction pyramidale donc mathématique ! Ce savoir ancestral égyptien finement conservé sur de simples feuilles de papyrus ; une plante ayant ses racines dans l’eau donc sous terre, se développant sur terre pour diriger ses tiges vers le ciel pour offrir sa vie au soleil. Trois mondes ainsi réunis par la fragile, mais téméraire nature végétale.
Au cimetière de Stirling, la pyramide massive en pierre de taille est perchée sur un petit monticule rappelant le tertre de la création. Tout autour est disposé sur les bases de chaque face, des bibles de marbre faisant référence à des Psaumes. Une balustrade en fer enferme la construction. À l’origine, la balustrade était surmontée d’aigles en bronze ; aujourd’hui, ce sont deux globes en pierre qui prédominent. À l’intérieur de la pyramide ont été déposées une Bible et une confession de Foi, scellées dans une chambre intérieure. Le sarcophage blanc de William Drummond, mort en 1888, est élevé sur trois étages au nord-ouest de la pyramide. Ainsi la dépouille de Drummond se présente comme sommet d’une pyramide à degré.
À l’extérieure, une pente couverte de gazon emmène à un étang, petit lac sacré traversé d’un pont de fer.
L’église accolée à la plus ancienne tour fut construite au 12e siècle sous David 1er (1124-1153), elle est le lien entre le château et le cimetière, monde des vivants et monde des morts.
Deux mondes inséparables pour la gouvernance du pays où les hommes d’hier font les hommes d’aujourd’hui avec leur modernisme bien actuel.
Les cadets et cadettes se préparent sur la place du château, journée de recrutement pour l'armée de sa majesté.
Vue du château sur la campagne environnante de Stirling, un retour au calme.
Texte Sylvie Bauche
réf:William Drummond de Hawthornden, ou le lyrisme du savoir.
Photos, vidéo Ecosse Chephren Bauche avec son aimable autorisation.
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